Ascension du volcan Sangay

5 jours d’expédition avec l’Instituto Geofísico pour remettre en état la station sismique au pied du volcan Sangay (5300m), actuellement en éruption.

Installée il y a 5 ans, la station n’a pas été visitée depuis 4 ans, et elle n’émet plus depuis août 2017… l’équipe technique tente d’apporter tout le matériel qui pourrait être nécessaire pour la remettre en service.

Membres de l’équipe : Jorge Córdova (coordinateur) et  Jessica Mejia de l’Instituto Geofísico, Marco Guanoluisa de Servitel (télécommunications), Diego Barba de Petroamazonas (auparavant à l’Instituto Geofísico), et moi-même. 7 arriéros dont Segundo Chuto Tenemaza (chef) et Angel (65 ans), sont en charge des 16 chevaux pour le transport du matériel. Nous sommes donc 12 personnes au total.

Jour 1 : préparation des charges à Guargualla Chico, départ à 9h, arrivée à Plazabamba à 19h, de nuit. Jessica souffre d’un ulcère et termine à cheval. Campement amélioré avec les restes de deux cabanes d’éleveurs de vaches. 23,2km, 1900m D+, 1700m D-, entre 3250m et 4080m.

Jour 2 : Plazabamba – La Playa, végétation dense, 7h pour parcourir 10,4km, 880m D+, 910m D-, entre 3475m et 3785m. A partir de 16h, début des travaux de maintenance et d’entretien de la station sismique, située à 300m du campement « La Playa ». Le capteur optique de gaz est tombé, les panneaux solaires et l’antenne satellite sont couverts de cendres et de végétation, le boitier de transmission a pris l’eau… il faut vérifier aussi le sismomètre, le baromètre, l’ultra sonomètre

Jour 3 : pendant que nos compagnons poursuivent le travail sur la station, Diego et moi réussissons l’ascension du volcan. 13h de marche, 12,5km, 1850mD+/D-, entre 3550m et 5220m. Nous observons un tapir (danta) avant de quitter la végétation, ainsi qu’une demi douzaine de cerfs peu farouches. La pente est forte, le terrain est très instable, les crampons sont utiles en fin d’ascension car il y a de la neige et de la glace sous la cendre. Les explosions régulières, avec projections de cendres et de roches, nous interdisent l’accès au sommet. Nous nous arrêtons au bord d’un ancien cratère, juste sous le sommet. Les nombreuses fumerolles témoignent de l’activité du volcan, ainsi que les pierres récemment tombées qui jonchent les environs. Nos casques ne serviraient pas à grand chose, nous ne nous attardons pas. Dans la descente, une chute de pierre provoquée par une explosion nous fait très peur et nous encourage à allonger le pas… mais c’est un régal de dévaler ce gros tas de sable volcanique !

Jour 4 : suite du travail d’entretien de la station jusqu’à 14h, puis marche jusqu’à Plazabamba. Je pars devant avec Jessica, qui peine dans les descentes à cause d’une douleur au genou. Là encore elle termine l’étape à cheval. Végétation dense et couverte de cendres volcaniques, rivières à traverser, pluie… rando difficile mais magnifique. Les chevaux et les arriéros marchent vite malgré tout et bouclent l’étape en 3h30!

Jour 5 : le volcan se découvre une dernière fois, couvert de neige suite aux fortes précipitations de la nuit. Grandiose. Grosse étape pour rejoindre Guargualla, tranquillement jusqu’à ce que les chevaux nous rattrapent, puis à leur rythme pour les deux dernières heures (Jessica est alors en selle). Nous sommes accueillis en fête par les femmes et les enfants, qui ont préparé un repas pour tous. Deux véhiculent de l’IG sont là également, venus de Quito pour récupérer l’équipe et le matériel. Aux dernières nouvelles, la station fonctionne correctement et envoie bien ses données !

Seuls JC et deux arriéros avaient déjà été jusqu’au Sangay. Belles conditions météo dans l’ensemble, vues spectaculaires sur le volcan en éruption, remise en route de la station réussie, très bonne ambiance avec les arriéros, cette sortie restera inoubliable pour toute l’équipe. Et un peu plus encore pour Diego et moi, seuls au sommet de l’impressionnant volcan le 14 novembre à 14h.

Budget de l’expédition organisée par l’Instituto Geofísico, environ 3000$. Budget d’une heure d’hélico, à titre de comparaison, 4000$. Hélicos les plus proches : Quito ou Coca…

Comptes-rendus de Diego sur l’expédition, ainsi que sur l’accès au départ du sentier. Voir aussi sur FB.

Merci à Petzl pour le matériel de montagne.